Chasseur d’orages
La journée, Ludovic Pichon est responsable de silo chez Axéréal. La nuit, il traque les éclairs en quête du cliché parfait.
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« Je suis passionné par les choses mystérieuses ! », lance Ludovic Pichon. À 35 ans, ce responsable du silo d’Ambrault, à l’est de Châteauroux (Indre), appartenant à la coopérative Axéréal, tente de dompter… la météo ! Depuis son enfance, il possède une station météo et a pris l’habitude de relever les indicateurs régulièrement. En 2015, il intègre l’association régionale Météo Centre, une des dernières associations de ce type en France. L’objectif est d’apporter des informations fiables aux adhérents, à l’aide d’un réseau de 80 stations, d’une vingtaine de webcams et d’un prévisionniste bénévole aguerri. Météo Centre propose aussi bien des prédictions météorologiques que des tendances saisonnières ou des bilans, des outils essentiels dans le monde agricole. « Je viens de ce monde, donc ça joue. Au silo, nous parlons toute la journée de météo avec les agriculteurs, même si je préfère rester discret sur mes activités extraprofessionnelles », ajoute celui qui est vice-président de l’association. En dix ans, l’association s’est bien développée en passant de 40 à 142 adhérents. La dizaine de membres actifs intervient dans les collèges et les lycées pour expliquer les phénomènes météorologiques et organise des expositions de photos. Météo Centre a également passé des partenariats avec des médias locaux pour leur fournir des données ou des clichés.
« Les soirs d’été, après la moisson, je me réveillais au milieu de la nuit pour deux ou trois heures de traque »
Sans formation météorologique, Ludovic Pichon ne se risque pas à prédire l’avenir. Ce qui l’anime particulièrement, ce sont les orages. Avec son appareil photo, il les traque dans toute la région Centre-Val de Loire, voire davantage. « On passe des heures à essayer de savoir où ils vont se former. Puis, on prend la voiture et on les suit. On se fait très souvent surprendre par leur trajectoire, on sent une montée d’adrénaline quand on voit les éclairs se dessiner, mais il faut faire attention à la foudre ou à la grêle. Quand on arrive à capter un instant aussi éphémère que les éclairs, c’est une grande satisfaction. J’ai beau connaître le mécanisme, je suis toujours ébahi devant ces choses qui nous échappent », explique le responsable de silo, avec ses yeux verts qui pétillent de passion. De nature patiente, Ludovic Pichon passe des heures devant un écran pour prédire la trajectoire de l’orage, puis derrière son appareil photo, dont il règle le diaphragme en permanence, selon l’intensité lumineuse. Son plus beau cliché ? « Un triple impact de foudre ». Comprenez, trois éclairs simultanés. « C’était un coup de chance », ajoute-t-il, modeste.
Jusqu’à présent, le vice-président de Météo Centre n’hésitait pas à parcourir 700 km en une nuit pour suivre les turbulences météorologiques. Comme il vient d’être papa depuis fin janvier, il a décidé de lever le pied. « C’est très chronophage. Les soirs d’été, après la moisson, je me réveillais au milieu de la nuit pour deux ou trois heures de traque, puis j’enchaînais avec le travail le lendemain ». En souvenir de cette période, de magnifiques photos d’orage trônent dans son salon.
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